La mode est une saloperie. En tous points.

La fashion-week est bientôt finie et c’est tant mieux. Parce que la mode, c’est comme la vie, c’est une saloperie. Outre l’évident désagrément pécuniaire et le puits sans fond d’insatisfaction qui en découle, on ne peut répertorier QUE des inconvénients à suivre la mode.

Ou plutôt les modes. Puisque, si tu t’habilles avec une plume dans le cul, c’est mieux de bosser au Lido qu’à la Défense. En effet, tu évites, généralement, de venir en survêt’ à l’Élysée et en ministre à la MJC, c’est dire combien ton habit fait le moine.

Déjà que ton habit faisait le moine à poil, c’est-à-dire que ton corps te trahit tout seul en se voûtant, en rougissant ou en gigotant, et bien, en plus, il faut que tu ailles le revêtir de quelque chose de suffisamment réfléchi pour que ça puisse donner un ensemble cohérent et raccord avec qui tu es, ce que tu veux et pourquoi tu le fais. Oui, rien que ça.

1/ Ça te catalogue (sachant que tu peux te tromper de catalogue en plus)

On a beau me dire que les lignes ont disparu, que tout le monde est uniformisé, c’est du flan. L’affichage politique déjà reste évident, sauf peut-être pour la nana un peu modem-centriste-UDI (souvent mignonnette au demeurant) qui sait mieux que les autres mélanger les indices pour un rendu médian. Elle peut d’ailleurs servir d’étalon pour le look ultime cuir-slim-belles chaussures. Mais, même si tu exclues la gauchiste à pantalon tribal et la meuf Fdesouche à pull col rond-chemise, qui outrepassent leur propre délire, tout le monde n’a pas le même rendu avec un cuir-slim-belles chaussures. Et je ne parle pas seulement du rendu du slim qui, comme chacune le sait, n’avantage pas grand-monde. Le diable se cachant dans les détails, tu te retrouves à envoyer des signaux dont tu n’avais peut-être même pas conscience: le type de bracelets, le maquillage, le choix de coiffure, tout te trahit. Au mieux, ça traduit uniquement que tu n'as pas de personnalité d'ailleurs. Vous en conviendrez, c'est une saloperie.

Ça catalogue évidemment aussi en matière de thune. Toutes les meufs qui te balancent qu’elles s’habillent uniquement chez H&M, sauf quelques belles pièces, les chaussures et les sacs (oui donc tout), elles se foutent évidemment de ta gueule. C’est un peu comme la connasse qui avait raté son bac et qui a bien sûr eu mention très bien-elle sait pas comment-hi hi hi (rire de conne-faux embarras).

2/ Ça t’enferme dans les attributs du vêtement

Il y a des vêtements pour chaque mood et c’est tant mieux. Hormis si tu diffuses des vidéos de toi en live sur le net pour arrondir tes fins de moi, il n’est pas forcément nécessaire, en effet, de porter tes chaussures qui te font tomber en avant dans les pentes quand tu ranges ton lave-vaisselle. Mais, parfois, le vêtement se retourne contre toi, il te nique la journée et renvoie aux oubliettes tout vague sentiment de contrôle de soi. Va conquérir le monde avec un collant qui tombe, le pull de ton ex, ou un pied qui boursoufle après usage de talons dans la vraie vie.

Si tu veux bomber le torse en mode conquistador, il va de soi que le talon est parfaitement incontournable. Sauf qu’après c’est pareil, c’est une saloperie à assumer ! Déjà qu’avec un peu de bol tu vas te niquer 50% de tes targets, en étant plus grande que tout le monde, mais en plus, tu dois avoir l’attitude qui va avec.

Bon, par contre, si tu arrives à gérer un lendemain de cuites en talons aiguilles, alors là chapeau ! Ça démontre un mental d’athlète de la self-esteem, qui te permettra de vaincre la traditionnelle lose vécue par nombre d’entre nous en mode totalement désexualisée - no look today.

3/ Ça te fout un coup de vieux

En plus d’être évidemment faite pour les belles, la mode est aussi faite pour… les jeunes ! Et oui Mesdames, vous l’avez bien remarqué, vous vous prenez un gros revival 90s dans la tronche depuis un moment. Oui, oui, cette période où vous vous baladiez en top ras le nombril Ck One, Bombers et Reebok montantes. Où Kate Moss avait 14 ans et n’avait pas encore une gueule de rombière. Enfin, comme vous (moi), me direz-vous. Un peu plus tôt, on avait bien fait chier nos mères à porter du faux 70s avec cette grosse relou de Vanessa Paradis période Lenny Krawitz. Et bien maintenant, ça n’est qu’un juste retour de bâton. Allez faire un tour chez Citadium et dites-moi comment vous vous sentez après. Perso, la dernière fois, je me suis retrouvée à Shazamer tous les morceaux en me trémoussant, j’ai kiffé toutes les fringues jusqu’à ce que je tombe nez-à-nez avec ledit top Calvin Klein de ma jeunesse. Que je dois encore avoir chez mes parents d’ailleurs. Que j'aime toujours hélas. Bref, je suis rentrée, j’ai mis Portishead, j'ai reluqué des photos de Kelly Kapowski et j'ai chialé.

Alors que faire me direz-vous ? Eh bien, pour une fois, je ne sais pas bien. Rien a priori. Mettre un cuir-slim-belles chaussures. On n’a pas bien le choix, si on envisage autre chose comme avenir que de vivre dans une bulle à la Michael Jackson*. Porter des grosses boucles d'oreilles. Éviter les vêtements de sport peut-être ? J’entends par là les vrais vêtements de sport, pas les baskets trop cool. Là-dessus, on peut encore garder un certain libre-arbitre et même si le sport te donne du power, peut-être est-il possible de l’envisager sans top rose fluo écrase loches ? Non ? Bon, c’est peut-être parce que je ne fais pas sport que je dis ça. Merde, je suis une merde... Bon, ben la prochaine fois je vous raconterai combien je suis une merde qui ne fait pas de sport.

* ce qui comporte par ailleurs quelques avantages niveau restriction de microbes, mais c’est un autre débat

 

BeautéMadame Meuf