Arrêt de pilule et bien-être: tu vas me rendre mes hormones oui!!!!!
A 17 ans la panacée c’était de prendre la pilule. Garantie de liberté, de confort et surtout d’adulterie! « Je prends la pilule » c’était comme si tu annonçais que tes parents t’avaient laissé la maison pour y inviter 100 personnes qu’ils n’ont jamais vu de leur vie et que Dylan McKay y venait en Porsche pour toi.
Tu as quand même eu un peu peur d’exploser en vol à la prise du premier comprimé, comme si tu allumais la mèche d’un pétard mammouth si tu fumais la moindre clope en même temps. Faut dire qu’on en avait profité pour te briefer globalement et de manière ultracatastrophiste sur les risques cardio-vasculaires encourus à 16 ans. C’était une bonne chose de faite, que tu pourrais ensuite enfuir et refouler sous un gros tas de mégots quelques décennies après.
La pilule, même si tu en as mangé toute ta vie, t’as toujours pas capté comment ça marche. Entre les projo-ingestatifs et les astro-projet-actifs tu pipes que dalle. A part que ça saigne quand ça fait chier (le jour où Dylan déboule), que si t’as pas mal aux seins t’as mal aux ovaires, et si t’as pas mal aux ovaires t’as mal aux seins. En gros. Et surtout, donnée non négligeable, pour nous les créatrices, que si tu l’oublies c’est pour ta gueule.
Personnellement j’ai toujours considéré que Monsieur participerait aux frais, sans lui demander, étant donné qu’il ne participait déjà pas aux risques. Et si le Monsieur ne restait pas suffisamment pour qu’on en soit aux comptes communs, je me remboursais en clopes.
Mais quand tu dis aujourd’hui en 2019 « Je prends la pilule », les gens te matent comme si tu te collais un bang de crack au quotidien. Enfin les gens, les meufs pour être précise, puisque les mecs s’en cognent toujours comme de leur première chemise, jusqu’à ce qu’ils aient un Event privé « curetage » sur leur Facebook.
Sauf que j’y étais habituée à mon crack moi et que d’un coup de devoir m’en passer ça me perturbe au-delà de mon cycle. J’ai dû arrêter pour une broutille, ma pilule donnant des règles à vie et de putatives tumeurs au cerveau. Mais bénignes les tumeurs hein, ça va! Tranquille! Bref, devant ces arguments massue (en pleine poire) que faire d’autre que de se sevrer de cette vilaine régulation biochimique artificielle? Ben rien. Arrêter. En plus, ma gynéco m’a bien rassurée, elle m’a dit que j’allais retrouver mes humeurs, être moins lisse. Mais tous aux abris les gars!!!!!!
Non que la pilule m’ait procuré des années de plaisir, c’est pas comme si on m’interdisait le Saint-Véran ou de voir Dylan, mais un peu quand même. Puisque si Dylan déboule, je fais comment maintenant?
Il y a certes le passionnant préservatif, mais si on considère que Dylan s’appelle Julien, donc qu’il a 40 ans, il est à prévoir qu’il n’ait pas mis de capote depuis 1997 et que l’affaire s’avère complexe avec sa prestation de quadra… Et si Dylan est en âge de s’appeler Killian, eh bien le sida c’est un peu comme s’il avait fait l’impasse au bac. Pas connaitre.
L’autre jour, à l’occasion de la “Saint Valentin bis” du 8 mars, je me suis retrouvée de manière totalement inattendue à disserter en chaussettes sous une tente rouge avec de nouvelles soeurs de sang. Je m’explique, ne vous inquiétez pas je n’ai pas abusé de crack et ma pilule n’a pas encore atteint mon cerveau. Les “tentes rouges” c’est un groupe de femmes, entre elles, pour parler intimement de ce qu’elles veulent. La belle aubaine pour moi que de rencontrer des adeptes de la contraception par inhalation de sauge pour affronter ma dépendance aux hormones!
L’une d’elles m’a donné un tuyau pour mes problèmes de contraception: la vasectomie. Pour les moins au fait de cette pratique, il s’agit de faire « couic » sur les canaux qui trimballent les petits spermatozoïdes de Monsieur. Riche idée, ai-je immédiatement pensé, mais alors je paie la caisse de Saint-Véran en jéroboam à qui arrivera à convaincre Monsieur. Si Monsieur c’est papa, que ça fait 20 ans que vous êtes ensemble et que tu lui demandes de faire le deuil d’enfanter potentiellement une petite bombe de 22 ans, tu lui niques son fantasme Eddie Barclay. Dur! Et si le gars tu le connais depuis 3 mois, c’est quand même un peu touchy de le vasectomiser derechef. Perso je m’en fous moi, je veux bien demander à tout Paris de se vasectomiser, mais pas sûre que je trouve preneur si je l’affiche sur mon profil Tinder.
Rien de bien grave de toute façon, avec un peu de bol j’aurai une ménopause précoce donc je peux tenir d’ici là, en alternant abstinence et lesbianisme. Et si vraiment je veux voir Dylan occasionnellement il me reste toujours la faciale en méthode contraceptive. Ça aura peut-être même le mérite d’assécher ces horribles bubons qui sont en train de reprendre leurs droits sur mon visage. J’ai arrêté la pilule et j’ai de l’acné, you hou !! La revoici ma jeunesse! Filez la baraque les parents…