Les concerts de Daronne #coupdevieux

Pour son retour, Madame Meuf inaugure sa nouvelle rubrique « Culture ». Car oui, vous vous demandiez l’âme en peine et le museau humide, mais que branle donc Madame Meuf nom d’une pipe en bois? Eh bien rien de très sexy, voire même plutôt des trucs en bois, figurez-vous. Mais en attendant elle a grandi (ridé), lâché prise (fatté), découvert le monde (sur Internet), réfléchi au sens de la vie (toujours le même hélas, Google n’ayant pas encore découvert les secrets de l’immortalité) et aiguisé son sens artistique (pris un abonnement Netflix). 

C’est grâce à cette acuité pour la chose culturelle (a écopé tous les concerts de Paris une pinte à la main) que Madame Meuf s’est dit « bon sang, mais c’est bien sûr, il faut partager au monde (rien que ça) ce regard critique nuancé faisant la réputation de Madame Meuf: c’est génial ou c’est à chier »? Voilà donc la ligne éditoriale de cette nouvelle rubrique culturelle, qui débute cette semaine avec le thème ô combien récurrent des concerts de daronne.

Les concerts c’est toujours la même limonade. Et malgré tout on ne s’en lasse pas. Un combo entre attente frénétique de la nouvelle tournée, vente des places annoncée comme une quête du Graal, tarifs prohibitifs et potentiel délire le moment venu, au cas où la communion aurait vraiment lieu. Tout cela rend un concert potentiellement sublimement mémorable, du genre de ces moments où on a complètement oublié qui on était et ce qu’on foutait, comme si on avait pris une drogue bonne pour la santé (à condition d’être passé chez Amplifon avant, bien entendu).

Mais un concert c’est également la possibilité d’une soirée à 200 balles, où tu mates ton IPhone toutes les 2 minutes et où tu n’as même plus le droit de cloper en attendant que ça passe. Et cette configuration est bien souvent celle des concerts de tes vieilles idoles, qui ont vieilli avec toi et sentent la naphtaline. 

“Daho…M'avez-vous déjà vu quelque part?” « Euh, oui, dans des tubes pop légers, pas dans des postures de vieux rocker mou… » “Macho, macho, machistador, macho, macho…” «  a une demie-molle non? ». Bruel qui chante Barbara, Aznavour, Pierre Perret, Pierre Bachelet… ça fout quand même un cafard d’enfer, que tu anticipes dès la file d’attente (gigantesque puisque les darons sont à l’heure), où 100% du public a un look à avoir une épargne retraite supplémentaire. Prévoir dans la queue : de la lunette à fil, du Canada Goose par kilos, du costard rayé qui secouera ses 4 cheveux pélliculés sur du M et bien sûr, pour faire office de jeune, la femme enceinte (la garantie d’un bon gros pogo). 

Même les artistes moins vieux foutent aussi le bourdon d’ailleurs puisque Christine, depuis qu’elle n’a plus the Queens, a viré « retour de résidence dans un monastère » et que chez NTM tu « passes le oinj sur la corde à linge, mais si tu pouvais éteindre ta clope dans l’Accor Hotel Arena* ça t’éviterait de t’en prendre une de ton voisin de fosse qui ressemble à Bruno Le Maire. Au moins ça deviendrait un peu rock’n’roll me diras-tu, mais rentrer de soirée amochée à 40 piges ça te contraint à pipeauter tes mioches et ça encore ça fout un coup de vieux. Tu peux même plus te vanter en trouvant ça fendard, non tu es obligée de garder la face en expliquant que « maman avait un désaccord avec Bruno Le Maire » (ce qui, au demeurant, peut être plausible). 

Le concert de daronne, à la recherche de sa jeunesse perdue, c’est tenter de ranimer des souvenirs fossilisés qu’on a depuis largement édulcorés, puisque le principe du souvenir c’est justement de réécrire avec du love dedans des trucs qu’on a complètement zappés. Chez Madame Meuf on est de toute façon contre le souvenir, ce vieux principe réchauffé qui consiste à te rappeler que « c’était coooool hein » « Ouais, ben c’est fini, c’est con ». Ce qui te permet d’ânonner que “c’était mieux avant” avec un air de Droopy fripé.

La question est de savoir : est-ce que c’est moi qui ai grandi et changé de goûts ou est-ce l’artiste en question? Eh bien un peu des deux, puisqu’en toute logique Dorothée a arrêté de mettre des trucs dans sa valise et toi de les écouter, n’est-ce pas? Eh bien c’est pareil avec toutes tes vieilles idoles. Sauf qu’en plus, comme elles vendent a priori tous les biftons avant même qu’on ait une idée du projet, c’est un piège à cons. L’artiste va évidemment vouloir te prouver qu’il a muri (démodé) et te servir pendant 92% du concert sa nouvelle soupe que tu n’as jamais eu l’intention d’écouter. C’est un peu comme si Hervé Villard ne chantait que des chansons sur Trouville ou que Jordy entonnait « Dur dur d’être un chômeur ». On s’en ouf!

Pendant que tu comptes les chansons qu’il ne jouera pas pour passer le temps, il continue à se faire plaisir tout seul, enchaînant les solos de gratte 90s de pré-ado, les chansons écolo et les duos-berceuse avec sa fille de 18 ans. Le mec s’en fout, il sait que t’es là, tu es à “ça” d’un tata yoyo ou d’une chenille. Avec un peu de bol, il ne va pas tarder à t’annoncer une invitée surprise en la personne de la Daronne Iconique. The Queen de la mièvrerie inattaquable, Vanessa Paradis. Alors là, c’est le délire. Toutes les nanas sont comme des dingues, presque qu’elles en lâcheraient leur sac en bandoulière pour taper dans les mains. Mais point trop n’en faut, ça risquerait d’ébranler Vanessa, qui est restée coincée la tête sur le côté la moue boudeuse depuis 1988. 

Allez, la prochaine fois j’irai voir Angele, y aura des jeunes beaux qui bloqueront sur elle et méséstimeront mon charme naturel (daronne). 


* (“Ca va L’Accor Hotel Arenaaaaaa????? La foooooorme????” … Même le nom maintenant il donne envie d’aller te pieuter!!!)

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