Vis ma vie de parent positif!
Géniaaaaaaaaaaaal !!!! J’ai enfin reçu ma box "démarrage du parent positif" ! Après un benchmark rigoureux entre mifemme-mimaman, nifessées-nitorgnoles, Maman-lalalère, famille-épanouie, famille-harmonie, je ne savais que choisir ! Certains sites ont des noms tellement beaux qu’on dirait de la sciento! Me voilà donc avec mon kit de solutions en 10 bullet-points qui devrait développer mes compétences parentales. Je regrette juste de ne pas avoir commencé en cloque, ça aurait évité de foutre de l’argent en l’air dans le "Plan épargne psychanalyse (PEP)" de mes rejetons. D’autant que "tout se joue avant 6 ans" d’après un best-seller ricain (point du tout culpabilisant), il ne me reste donc plus beaucoup de temps !
Je vais pouvoir apprendre la bienveillance, le respect, l’empathie, enfin tout un tas de trucs dans lesquels j’ai eu 2 à mon bilan de compétences, donc je me languis ! J’ai quand même un petit peu la pression parce que dire que l’éducation positive t’es contre c’est un peu comme assumer que t’en as rien à branler de la faim dans le monde ou que la dette est le cadet de tes soucis, si tant est qu’Uber fasse pas faillite. Ça m’angoisse un peu aussi au vu de mes belles sorties publiques en cas de frustration infantile non neuro-transmise (=il beugle chez Franprix et te frappe puisque tu n’as pas racheté un 3ème mètre carré de Kellogs - mais son cerveau n’est pas fini c’est pas sa faute). J’avais pour habitude d’employer la méthode lancer de cheveux sur ma face incognito, déplacement d’enfant sur le côté qui crie à l’enfance malmenée, attendage sur le trottoir en pleurant (moi, pas lui) et enfin treuillage par les chevilles (moins fragiles que les poignets, c’est donc assez réfléchi quand même).
C’est donc avec cette pression monstre de réussite que j’ai entamé cette formation « gagnant-gagnant » en espérant que ça marche mieux que du Ségolène Royal. Ça commence bien, les parents-coachs se présentent : c’est quand même chaleureux tout plein cette belle relation interpersonnelle sur internet ; c’est une famille l’Internet !
Bref, là j’y apprends (véridique !) que leurs gamines s’appellent Lilou, Lou et Lili !?!? D’un coup, ça me détend !! Comment tu peux te dire bienveillant et les affubler pareillement???? Non, mais, quoi de plus proche du déni de personnalité et du manque de responsabilité ?!?Tu peux m’expliquer coach en quoi t’as pensé au CV de tes mioches plus tard ? Parce que Lili, Loulou et Lilou là, soit tu entends qu’elles bosseront dans le dessin animé, la série AB ou le porno, soit elles devront passer leur vie à prouver qu’elles méritaient pas ça, si elles veulent s’en sortir.
Faut que je me calme, parce que je crois que même en communication non-violente la dénonciation de la laideur et du mauvais-goût ça passe pas. "A mon goût, n’engageant que moi, je suis légèrement étonnée par les prénoms de vos enfants dont la consonance et l’association pourraient impliquer des interprétations malvenues type pornographie ou sottise prénatale." Non, ça passe pas !
Bon reprenons. L’éducation positive c’est « humilité, présence, intégrité ». Ah bingo ! C’est tout moi ça ! Il faut aussi partir du postulat que tous les êtres humains sont dignes de respect et d’amour. Mouef. Là, faut voir hein, parce qu’entre le gros qu’a lourdé ma fille ou sa copine pouffe, je ne suis pas sûre qu’ils aient été dignes d’intérêts même à J1. Comme le disait si bien la maîtresse de mon fils d’un mioche de 4 ans "la balle est dans son camp". Traduction : "C’est déjà foutu. Fiche S de mioche".
Je dois mettre des mots sur les émotions de l’enfant.
"Tu as envie de mettre maman à la poubelle ? D’accord mon cœur, mais quelle poubelle ? Le verre ? Le compost ? Le papier ? Oui, le verre, bien sûr, évidemment… Je comprends mon chéri. " (Sourire embarrassé)
Je dois utiliser la baguette magique imaginaire (OMG !)
"Et ouiiiiii, si j’avais une baguette magique je te donnerais un bonbon au petit déj, je te refouterais au pieu et je fumerais un bédot pour arriver à me rendormir mon chéri. Mais non, à la place on va touuuuus aller manger des All’bran à 7h du mat’ et se magner le cul." (Sourire bienveillant).
Je communique mon ressenti de manière responsable et bienveillante
"Ma chérie si tu continues à te rouler par terre dans le pipi de chien dans la rue tu vas devenir moche, sentir mauvais et attraper plein de microbes, c’est comme tu préfères !" Libre arbitre en plus là-dedans, je cumule les bons points !
Je n’utilise plus le « tu » accusateur
"Je trouve que tu as vraiment froissé mes sentiments en découpant ma robe en tulle de soie avec tes ciseaux parce que je t’avais dit non au 108ème dessin animé. "
Et absence de négation, évidemment. Interdit le « ne fais pas »
Rien de tel qu’un petit cri d’alerte "marche doucement s’il te plaît, je préfère que tu anticipes le croisement" quand ton mioche se barre en courant vers le passage piéton ou un "il est préférable de mettre ses brassards" quand il coule à pic. Ça calme direct.
Et, enfin, quoi de mieux que l’humour ?
"Ouh ouh ouh ! Tu as vu, maman sue à gros bouillons en attendant que tu mettes tes chaussures depuis 25 minutes, on dirait vraiment un hippopotame en tous points depuis que tu es sorti de son bidon".
Enfin, la clé du mystère c’est surtout de montrer l’exemple ! La solution est en toi. Ah, merde, alors là, moi, je me trouve aussi vide qu’une palourde surgelée du bistrot romain sur le sujet. Heureusement, il reste toujours les bons vieux dessins animés pétainistes qui pourraient leur inculquer les bonnes manières. Ou alors, j’aurais qu’à accepter que mes enfants soient le miroir de moi-même, c’est à dire complètement hystéros. C’est bien aussi, ça fait de la vie !