La mère imparfaite est une connasse
Je te rassure la mère parfaite aussi. On est évidemment toutes d’accord pour dire que la blogueuse qui fait son pain elle-même avec son thermomix ® en détoxifiant tout le monde au raisin avec des enfants peignés qui n’écoutent jamais « On écrit sur les murs » c’est une grosse relou. Qui te culpabilise, t’ennuie terriblement et ne t’aime pas d’ailleurs. Avec tous ces pains au lait Pasquier que tu fais manger à tes gamins, la meuf te regarde comme un nuage de Tchernobyl chaque fois que tu rentres dans l’école.
Mais l’autre là, la mère déculpabilisée d’être une MMA, une « mauvaise mère assumée », elle te fait bien chier aussi puisqu’elle te colle des nouveaux standards. Désormais, la parole est libérée, c’est merveilleux, « ouh ouh ouh on n’est pas parfaites ». Et on doit donc être débordée, avoir des baby-sitters en toute circonstance, être complètement flex' sur les questions de santé, ne pas aimer jouer avec eux, s’en cogner de la vie de l’école, vivre pleinement sa vie de fâââme, travailler à outrance. Bref, avoir la panoplie complète de la meuf qui assume de ne pas avoir d’instinct maternel inné, de ne pas kiffer l’épisiotomie (alors que c’est très sympa pourtant !) et de trouver que finalement ça rend leurs enfants plus heureux, plus épanouis.
Tu comprends le truc ? Tu le vois arriver gros comme une maison ? Et voilà, tout à fait. C’est la putain de nouvelle norme la MMA. Elle est tellement parfaite dans son imperfection, sa désinvolture, son lâcher prise. Alors, certes, elle ne te harcèle pas avec son thermomix ® façon témoin de Jéhovah, mais elle te saoule avec ses beuveries copines, ses week-ends copines, son gros foutoir dans son salon ouh la la et ses enfants aux dents sales. Et elle te ronge de l’intérieur puisque, finalement, elle assume ! Elle assume son mauvaise-mèrariat ! Elle est une grande personne quoi !
La mère parfaite et la mère imparfaite, même combat ! C’est des meufs qui gèrent ! Alors que toi, depuis le début, la maternité c'est plutôt comme quand tu n'as pas démarré 10 secondes après le passage au feu vert à Paris: le débordement dans tous les sens, le bruit, la panique! Et où la seule chose à faire pour s'en sortir c'est d'imposer son style, foncer dans le tas! Entre mères parfaites et mères imparfaites, elles se rangent où, du coup, les nanas qui tâtonnent et se trompent, certes, mais s’en veulent à mort après ? Qui passent un temps monstre avec leurs gamins, en adorant parfois, en s’ennuyant aussi, en criant comme un putois souvent, en oscillant de l’un à l’autre? Chaque relation mère-enfant est unique et on apprend pendant, certes. On est novices, d’accord. Mais, franchement, on sait toutes que quoiqu’on fasse, on doit certainement aussi être nocives. Enfin c’est ce qui se dit.
Et c’est évidemment le pompon ultime quand tu es mère au foyer !! Ancien modèle de perfection, nouveau modèle de toxicité, la mère au foyer ou la mère en long congé c’est carrément la lie de l’éducation maintenant. Toutes les mères imparfaites te la regardent avec un mépris proche du dégoût, comme si la nana avait laissé sa dignité partir avec son placenta.
Les « helicopter-mums » c’est toxique. Les mamans absentes c’est toxique. Les mères présentes mais indisponibles, pas avec du temps de qualité, c’est donc toxique. En fait, on a beau te dire que c’est normal de faire des erreurs et tout ce que tu veux de verbiage bienveillant, la seule chose qui te reste c’est l’ouverture du plan épargne psychanalyse pour tous tes rejetons.
Dans les certainement derniers mois de présidence normale, il est peut-être temps de passer à la mère normale. Celle qui chiale parce que son gamin rentre à l’école, parce qu’elle a trop bu la veille, parce que "Rox et Rouky" c'est horrible, parce que ses amis ne l’appellent plus, parce qu’elle ne veut pas être définie seulement comme une mère, parce que son patron est un con, parce qu’elle s’est engueulée avec son mec, parce qu’elle s’est engueulée avec sa mère, parce que ses gamins préfèrent leur père, parce qu’elle a ses règles cette fiotte. Ce qui veut dire que non, pas de petit deuxième tiens, tant mieux, ça fera moins cher en psychanalyse. A moins qu’elle chiale parce qu’elle est cloque. Et que ça chiale pas mal, en cloque, si je me souviens bien. Après, la mère normale a aussi (surtout) le droit de déconner hein, ne vous autolysez pas tout de suite. Et qu’elle déconne, qu’elle chiale ou qu’elle fasse des petites purées bio ou des chips vico, elle a surtout le droit de fermer sa gueule. Ou de ne pas nous imposer son modèle, pour dire plus rondement.
Allez, une prochaine fois je vous raconterai comment on peut compter sur les « nouveaux papas » qui nous aident bien ! Et c’est tellement gentil de leur part !