Comment survivre à la déprime de janvier ?
Janvier le mois où on se fait chier. Une gueule de bois plus tard, ton « bonne année » a pétaradé moins loin que le jet de la sarbacane. En plus t’as toujours un chanteur pour casser sa pipe deux secondes après, pour bien relativiser ton « et la santé surtout ! Ah…pardon… » Quand c’est pas une armée de mec kalashniqués en plein premier mercredi des soldes. Puisque oui, t’avais bien les soldes pour t’animer, mais t’es pauvre et t’as déjà fait les ventes privées. Et la galette des rois, mais t’es pauvre et t’as déjà fait le bourrelet. Il te reste les journées porte ouverte chez Opel qui ont lieu tout ce week-end dans le réseau Opel, mais t’es pauvre et t’as passé l’âge de l’Opel Corsa.
Non ya rien à en tirer, Janvier est chiant. Il pleut tout le temps, y’a du vent, c’est la période des divorces, ou pour les moins tenaces du suicide. Tout le monde a envie de se défenestrer, tousse, crache, marche vouté comme dans une pub Actifed, arbore le combo nez rouge-couperose-gerçures (herpès labial pour les plus veinards)… Et nous ressort ses photos de pieds à la plage sur Facebook, pour entrevoir le bout du tunnel.
Au boulot, il est bien évident qu’après les reposantes vacances de Noël, tu es entreprenant comme un Bernard Tapie. Mais version 2018 ! T’aimerais, mais tu peux pas là !
Tu as alors deux options : réactiver le Bernard Tapie flamboyant qui est en toi, ou te laisser aller en espérant passer l’hiver.
L’option 1) Golden girl, à la conquête de la Pologne (même s’il y fait froid)
Pour ça, il est évident qu’il faudra suivre les astuces forme trouvées juste après l’horoscope annuel dans ton magazine favori. Il devrait être fort utile d’avaler du Bion sénior, des citrons à jeun, des cuillères de curcuma, afin de devenir énergique, féline, entrepreneuse et vivre à cent à l’heure.
Tu peux également te lancer dans un rituel matinal ou « miracle morning » : lever d’un bond à 5h30 (snooze interdit), lecture pendant tes abdo-fessiers, liste de tes objectifs, revue de presse (le détail réseaux sociaux de ton mec depuis le coucher ne compte pas). La performance au réveil, la performance au travail, la performance en amour, en lâcher prise, en mioches… En avant Guingamp ! En Marche pour un beau mois de janvier !
L’option 2) Poil dans la main, payée à rien foutre
Si tu as appuyé sur snooze à l’heure où tu es supposée partir, que l’ultra-marathon Iron Woman ou les conférences de marketing direct en ligne (heure de Hong Kong) ne sont pas tes objectifs du mois, il te reste le choix procrastination. Ça dope quand même correctement la créativité, puisque va trouver 5 arguments par semaine pour une arrivée à 11h39 !
L’option « glandons gaiement en attendant février » (ou avril/mai tant qu’à faire) est fort commune en ces jours les plus courts. Et comme « procrastination » est, avec « chronophage » et « zone de confort », en haut du top 3 des expressions les plus répandues au boulot*, peut-être faut-il y voir un signe de glandouille érigée en mode de vie. La généralisation de ces expressions est un révélateur. Il est toujours rudement chic de les utiliser, bien que tout le monde les connaisse depuis belle lurette, sans doute parce que chacun passe 4h par jour à lire de la daube chronophage pour procrastiner et ne pas sortir de sa zone de confort, dans son boulot aussi excitant que le cours du livret A. C’est sûr qu’à grands coups de notifications WhatsApp et Facebook, on peut carrément s’occuper jusqu’aux ponts de mai. A titre personnel, je vous conseille de désactiver les notifications, c’est encore mieux, ça fait un prétexte pour regarder plus souvent s’il y’aurait pas un truc, sait-on jamais.
3) Synthèse : est-ce grave de rien foutre ?
Si dans ton "rien foutre" tes yeux sont tombés sur cette phrase de Sénèque : « Une grande partie de la vie s’écoule à faire mal, la plus grande à ne rien faire du tout, la vie tout entière à faire autre chose », il est probable que bourgeonne une légère culpabilité.
Mais autre chose que quoi Sénèque bordel ? Que le fondamental ? Ah oui, ça c’est sûr ! En même temps, la procrastination c’est avoir un sens aigu des priorités ! Tout ce qui passe à la trappe, c’est ce dont on se fout ! Si c’était important, on le ferait ! D’ailleurs, va savoir pourquoi, le pot avec le mec avec qui tu whatshappyses (jeu de mot incroyable-cadeau de nouvelle année) n’est pas remis à plus tard lui ? Alors, je vous vois venir, vous me direz, « oui mais c’est facile c’est du plaisir ! ». Et vous aurez raison ! C’est certain qu’entre prendre son plaisir immédiatement ou le reporter à plus tard, le choix est vite vu. Ça procrastine moins quand il s’agit de jouissance ! Vous me direz alors à nouveau « Oui, mais on ne peut pas vivre uniquement de jouissance ». Et là je vous répondrais « Je ne vous cache pas que Sénèque c’était pas tout à fait la jouissance son truc. Mais plutôt le fait d’agir sur ce qui dépend de nous ». Chez Madame Meuf, comme on aime bien simplifier, on s’est réapproprié ça vite fait (c’est quand même pas mal de se réapproprier du Sénèque en janvier, ça glande pas tant que ça hein !). En se disant donc que pour bouger notre gros cul à la frangipane, il suffirait peut-être simplement de se mobiliser sur des sujets dignes d’intérêt pour nous !
Et de s’inspirer du Victor Hugo du 21ème siècle, qui chantait qu’il avait « oublié de vivre » alors que, quand même, il a fait deux, trois trucs dans sa vie le Johnny… Pas sûr qu’il se soit planqué derrière des « ce soir je me couche tôt » car «demain j’enchaîne comme une bête » !? Tout en n’en foutant pas une ramée, évidemment…
Bon, allez, ce soir je me couche tôt et demain je m’y mets. Ah ben merde, c’est le week-end…
* Il y a bien également l’expression « ni fait ni, à faire » qui mériterait d’être rasée sur la place publique, mais elle est tellement détestable qu’elle mériterait une étude sociologique à elle toute seule. D’autant qu’en janvier, on s’est fout que ça soit à faire on le fera plus tard…