De quoi parlent les meufs entre elles?
Chez Madame Meuf ça fait des semaines, que dis-je, des mois que l’on essaie de faire un sujet sur les vraies conversations entre hommes. Mais après des heures et des heures pendue aux lèvres de toutes catégories de garçons pour la bonne cause, rien de tangible ne semble avoir émergé. Les conversations entre braguettes ça restera le mystère de l’Atlantide: on croit qu'il y a des trucs incroyables, mais on n’en est pas sûres du tout!
Du coup, par facilité et parce que c’est aussi bien de parler de ce qu’on connaît - sauf quand on est Marine Le Pen et qu’on peut parler de ce qu’on ne connaît pas du moment qu’on vocifère des interjections répétitives en rigolant - eh bien on s’est dit qu’on allait vous révéler (scoop majeur) de quoi parlent vraiment les meufs entre elles!
Les passionnantes conversations d’ascenseur du type « dites-donc-c’est l’omnibus » et autres « Bonchour » échangés à l’identique entre mamans d’école tous les matins depuis deux ans ne seront pas ici évoqués. Partons tout de même du postulat que les nanas sont au moins vaguement copines (quoiqu’avec les mamans d’école ça peut switcher de la conversation poux à la conversation bondage plus vite que prévu).
La question de catégoriser la gonzesse selon son âge, son statut matrimonial voire sa CSP s’est posée. Mais non, finalement, il semblerait que les sujets et la façon de les évoquer soient certes inhérents à la personnalité de la meuf, mais dans le fond toujours relativement proches.
L’idée ici n’est pas tant de savoir ce que se disent les meufs, mais sous quel angle elles abordent leurs conversations. L’une des grandes lignes directrices est que désormais 97,2 % des meufs (que je connais en tout cas) vont chez le psy. Ou si elles n’y vont pas c’est tout comme, elles sont hyper pointues sur toutes les névroses pathologiques.
Même la moindre petite conversationounette avec une inconnue finit rapidos en grand déballage de questionnements perso au vu et au su de toutes. Le moindre « tu fais quoi dans la vie » est toujours envisagé sous un angle analytique. « J’aurais pu faire ça », « mais à cette époque je sais pourquoi je ne l’ai pas fait », « je n’ai aucun regret d’ailleurs », « je me suis réorientée en pleine conscience et j’ai des projets qui sont plus raccords avec mon vrai moi »… Oui, oui, en effet, ce type de réponse correspond bien à la basique question « tu fais quoi? ».
Et c’est sans parler du « et tes amours alors? ». Quoi de mieux, en effet, comme source de vie que l’amour, me direz-vous? Et bien quand on parle entre meufs on dirait pas. Puisque ça ne va jamais. Soit parce que c’est le désert de Gobi (solitude, effroi, je vais mourir seule). Soit parce que notre couple est voué à l’obsolescence programmée (solitude à deux, déception, je vais mourir en leggings troué à deux). Soit parce que c’est l’amour fou « mais qu’à un moment ça va forcément déconner, tu comprends ça m’angoisse ». (solitude par anticipation, excès de chiantise, je vais mourir avant même que cette histoire n’ait vraiment commencé).
Idem dans la classique conversation lifestyle des meufs qui ne se voient pas souvent ou se connaissent assez peu. « Tu fais du sport? T’en as pas marre de Paris? Tu sors souvent? Elles étaient cool tes vacances? » Chaque choix est argumenté, assumé, justifié, comme s’il avait été préalablement passé au crible d’un combo psychanalyse-PNL-dossier hors série de « Psychologies ».
Et quand tu es avec ta pote de toujours c’est à coup sûr le divan gratos. Enfin pas gratos pour ton foie et ton porte-monnaie, vu les quantités de litrons que tu as le temps d’ingérer pendant ladite séance. Ne cherchons plus, on a trouvé l’explication à la recrudescence des cirrhoses chez les femmes! Ça vient forcément de ces conversations à rallonge entre meufs puisque non seulement c’est déprimant, mais en plus c’est chiant! On est bien d’accord que quand tu parles de toi t’es contente, mais quand c’est des autres tu commences à trouver le temps long. D'autant qu’aucun de tes conseils éclairés n'est jamais suivi et que chacune poursuit sa petite autoroute du monologue, en rapprochant forcément le sujet de sa copine à sa situation personnelle.
Il y a bien encore la conversation « secret girls » qui peut donner un petit regain d’intérêt à tout ça. Mais généralement, au bout de deux jours, tu te rends compte que la terre entière était au courant et que tu vas rapidement retomber en phase longue description avec force détails, analyse, ânonnements, pour finir sur le traditionnel « on s’est comprises-on pense tout pareil ».
Car c’est évidemment cela que l’on recherche dans la conversation entre nanas. Se rassurer en se disant qu’on a parfaitement compris, nous, ce que les autres s’évertuent à ne pas vouloir entendre (au pif notre mec, notre boss, notre mère, notre coiffeuse). On cherche une âme poreuse vers qui déverser le moindre de nos petits sentiments. Et tant qu’à faire, autant choisir ses semblables à son image, histoire d’éviter de parler échangisme avec sa copine de Sens commun ou MDMA avec sa copine enceinte tous les ans. Avec mes amies, par exemple, l’effet miroir fonctionne à mort puisqu’elles sont, étonnamment, toutes drôles, belles et intelligentes (Whaaahhaahhaa-rire de The Mask). Et alcooliques et tabagiques aussi d’ailleurs (Whaaahhaahhaa-gueule de The Mask).
Ah, et quant à savoir si on parle vraiment cul et godasses la réponse et oui et oui.
Pour le cul, deux options. Soit la tendance meuf qui t’explique qu’elle a une vie sexuelle parfaitement épanouie impeccable. Aucune capote ne craque, aucun mari ne fait de gros dodos en lui tournant le dos, aucun mec n’est reconnecté sur Tinder dès l’ascenseur. Tu noteras que dans ce cas-là, les autres ne mouftent pas et hochent la tête par fausse approbation molle.
Soit la tendance conversation hyper-réaliste. Ni pour choquer, ni pour déconner, mais pour partager les détails les plus marquants et spectaculaires (spécificités physiques, effets de pratiques précises et état de la pilosité de chacun).
Mais bon, rassurez-vous, généralement ça se contente d’un simple c’était ouf-c’était naze, en toute nuance.
Enfin, les godasses ne sont pas exclues des conversations des jeunes femmes féministes du 21è siècle, qui se les paient toutes seules comme des grandes. Le sujet pompe n’est abordé que dans l’optique de se congratuler de son formidable bon-goût commun (et non pour vanner l'autre éhontément). Là où la conversation peut se tendre, c’est dans le cas où se présenterait la question fourbe «tu les as achetées où? » qui peut se solder au pied du mur par un « ça te dérange pas si j’achète les mêmes? » Il est alors difficile de répondre par la négative sans passer pour une pauvre meuf de 14 piges, alors que pourtant « oui, évidemment, ça fait chier, trouve-toi tes propres chaussures rouges et démerde toi bordel! » est la seule réponse qui vaille.
Allez, la prochaine fois je vous raconterai la tendance toujours plus forte entre gonzesses, bientôt en voie d’être sponsorisée épreuve du bac (si seulement!) : l’analyse de sms.