Pourquoi les mères font tout le sale boulot?
Alors qu'on continue à légiférer pour une égalité réelle - vouée à mettre en échec la sempiternelle égalité pipeau - la parité paritaire, quant à elle, serait déjà advenue. On imagine un père qui paterne, une mère qui materne, alors qu'en réalité tout le monde merdouille. A commencer par le couple, entité en permanente évolution, sous le regard hébété de sa progéniture, qui ne sait plus à quel sein ou à quel testicule se vouer et en profite pour foutre le bordel.
Nouvelle parentalité, nouveaux papas, tout le monde est neuf, sauf la maman qui, elle, continue à crouler sous le poids des traditions ancestrales, qui voudraient qu'une bonne femme et une bonne maman gère plus de trucs. Sans pour autant être une femme bonne, désormais ça, on s'en fout, c'est relégué aux oubliettes. Mais maman peut se réjouir, car désormais papa aide! Combien de nanas se sont entendues dire que leur mec les "aidait" bien avec les enfants? Qu'on fournisse de l'aide pour porter une valise lourde, le terme est approprié, mais pour guider de manière responsable et réfléchie la vie de petits dépendants pendant 18 ans, c'est peut-être un peu léger non?
Ce discours d'aide est certes plutôt servi par la génération papa-maman, je le concède. Ou devrais-je dire papy-mamie, mais perso j'ai toujours du mal à considérer que papa-maman, maintenant, c'est moi. Je me trouve beaucoup plus jeune à 35 ans que ne l'étaient mes parents au même âge, c'est pas possible!?!
Au sein des couples de jeunes parents, par contre, les mecs revendiquent leur statut de papas modernes et nous bercent dans l'illusion de l'égalité et du partage des rôles. Qui, étonnamment, ne se retrouvent pas dans les données Insee, qui comptabilisent 3h26 par jour de kiffe tâches domestiques pour les meufs, contre 2h pour nos congénères masculins.
Le type, depuis qu'on a décrété qu'il fallait qu'il assiste à la décomposition de nos membranes fœtales en nous regardant dans le rouge des yeux pendant qu'on pousse, il s'est dit qu'il allait rester, comme ça, à côté. Et autant, en salle d'accouchement, il sert pas à grand-chose avec son vaporisateur à la con, autant à la maison il se dit carrément qu'il va prendre les choses en main! Et attention, pas comme NOUS on fait. C'est-à-dire qu'il a le droit de te faire chier, maintenant, si ta purée elle est pas assez bio. Et il ne se prive pas de le faire, bien sûr, vu que lui, dans la répartition des tâches, il a plutôt pris balade au marché et mijoti-mijota toute la journée pour livrer son art culinaire. Alors que toi, du coup, tu écopes de l'activité "faisage de tas" (tas de chaussettes, tas de papelards, tas de bouquins que t'as plus le temps de lire, tas de rancœurs). Certes, l’évolution des rôles masculins et féminins progresse dans les mentalités, mais uniquement de manière ultra sélective.
Prenons un samedi de base. Dès le réveil, homme-moderne se charge de l'organisation de la journée. Pendant que les garçons feront du sport, les filles iront acheter des bidules. Le Pot-au-feu de sa mère-grand - qu'il livre en héritage à la joie de tous - rondouillant, homme-moderne va quand même visser virilement un ou deux trucs, que femme-moderne-mais-quand-même-rabat-joie lui aura demandé de faire 27 fois. L'après-midi, homme-moderne jouera avec les enfants en riant gaiement et en faisant des guili, pendant que maman ramassera ses tas, dans la perspective de la venue de convives. Convives qui se gargariseront à outrance du modèle de perfection masculine, qui a fait cuire un truc sans que ça accroche au fond. Alors même qu'ils ne feront pas un communiqué de presse pour valoriser la propreté de tes vêtements par exemple.
Bref, sans vouloir schématiser, mais un peu quand même, le mec fait des trucs valorisants et visibles et la meuf marne dans son coin en alimentant son petit compost à aigreur. Qui peut se recycler soit en engueulade publique, soit en laisser-tomber assumé. D'ailleurs, chez Madame-Meuf, on s'est dit qu'après le lâcher-prise, so 2015, le laisser-aller, so dévalorisant, il fallait sans doute investir le laisser-tomber. Le concept: ben démerdez-vous et foutez-moi la paix!
Sauf qu'évidemment, ça n'est pas si simple. Puisqu'en plus de leurs nouveaux apparats de virilité sensible, les nouveaux-papas ont déjà eux-mêmes investi l'un des crédos majeurs du laisser-tomber: l'absence totale d'autorité.
S'il n'est, en effet, pas totalement ringard d'être sorti du "vas voir ton père" ou "papa va se fâcher", c'est quand même dommage que ce soit la mère qui récupère cette nouvelle mission plaisir qui consiste à gérer un gamin qui se roule par terre parce que t'as pas voulu qu'il regarde "L'Exorciste" en mangeant des bonbons au petit déj. Et pendant qu'on récupère la mission règles de vie, papa reprendra bien une petite ration de guili-guili (avant de dormir)?
Exit le papa donneur d'ordres, désormais c'est maman qui fait la loi, la police, la carotte et... la douceur bordel! C'est un peu comme dans un porno en fait, la meuf a plein de costumes et le mec l'en fait changer à sa guise... Et pendant que papa refuse la confrontation et propose la négo, maman se retrouve à galérer...1h26 de plus par jour.
La solution pour ne pas finir en famille monoparentale (où, pour le coup, amuse-toi seule avec tes gamins) c'est... le travail d'équipe! La répartition selon les centres d'intérêts et les sensibilités. Et c'est là que toi, tu dois être bonne en négo. Pas sûr, par exemple, que ça se bouscule au portillon pour récupérer Desktop, imperméabilisant et pshitt anti-poux, soit tous les trucs ultra-nocifs à t'inhaler en pleine tronche. Remarque, moi je me foutais bien de l'air sec dans le cornet quand j'avais 16 ans, alors ça peut pas être pire. Limite je devrais peut-être me remettre à l'air sec, si je veux ajouter un peu de déconne dans l'activité ramassage de petits papiers partout.
La dernière option, qui est sans doute la plus raisonnable, c'est le laisser-tomber commun.Tu te retrouves avec ton sapin de Noël au mois de juillet et des gamins élevés par leur maîtresse, mais au moins ça évite à tes mioches de grandir avec un modèle papa-cool/maman-teigne - et va savoir si ce n'est pas mieux psychanalytiquement parlant?
Et messieurs, certainement que c'est très dur aussi pour vous de définir votre masculinité moderne, mais honnêtement on s'en fout! Le jour où vous serez placardisé après arrêt de plusieurs mois et où on vous regardera comme un vieux moule à gâteau un peu cramé, on en reparlera.
Allez, je vous laisse, je dois partir en week-end filles pendant que homme-moderne se farcit les gosses! Je vous raconterai...